Le projet de La Capelette à Marseille vit un étrange parcours : c’est en effet un projet qui a vu se succéder les architectes au gré de ses maîtres d’ouvrage, Icade et Sifer, et dont le programme a simultanément largement évolué. Parti d’une première approche spectaculaire établie par l’agence de Jacques Redondo, ILR, le bâtiment a pris sous notre main un caractère de mixité affirmé et une signature architecturale « déconstructiviste ». L’arrivée dans l’équipe d’Arquitectonica s’est traduite par une remise à plat du projet sur une base monofonctionnelle de centre commercial et de loisirs, sans bureaux ou logements. Il est intéressant de présenter ici les trois versions successives de ce projet, qui montrent qu’il n’existe pas une solution unique pour une question architecturale complexe : on pourrait presque comparer ce cheminement à celui d’un concours, tant les propositions faites sont différentes les unes des autres. C’est aussi l’occasion de remercier ici Jacques Redondo et son agence ILR, de nous avoir autorisés à reproduire son projet. Le projet constitue avec le Palais de la Glisse et de la Glace un ensemble architectural singulier, tout en courbes, dont les espaces intérieurs sont particulièrement impressionnants. En réalité, le bâtiment peut se définir comme une interaction subtile entre lumière et courbes : tout part de la qualité incomparable de cette lumière propre à Marseille, autour de laquelle le projet a été pensé. Pour la montrer, il faut l’intercepter : à cet effet, de grands écrans de toile blanche dessinent dans les verrières des courbes amples, que viennent renforcer les chemins de LED qui éclairent les espaces intérieurs du centre. L’effet recherché est celui d’un velum qui protège le regard de l’éblouissement, mais capte la blancheur de la lumière et la magnifie, dans les volutes que forment à travers l’air ces serpentins de toile. A l’extérieur, les toitures du bâtiment s’inclinent vers la rue jusqu’à la toucher, pour accueillir ses visiteurs. Au bâtiment voisin, qui adosse au projet sa lame verticale et aigüe, le centre de La Capelette répond en contrepoint dans une avalanche de courbes douces. Dans un contexte tout différent, du côté de l’autoroute A50, où se trouve le multiplex de cinéma, des cadres monumentaux sont destinés à présenter les affiches des films projetés. Ce projet a été réalisé en partenariat avec le cabinet d’architecture Arquitectonica.
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