En arrivant depuis Allada, de grandes silhouettes en métal découpé semblent, accablées, converger vers l’horizon. Elles forment la clôture du site. Leur taille diminue progressivement, jusqu’à disparaître. En entrant dans le site, un grand parvis, seulement traversé de quelques silhouettes, donne le ton et la force du lieu. La dimension symbolique du musée prend forme. Un auvent protégeant partiellement le parvis et débordant sur la route, marque la limite du monde libre et l’entrée dans un monde pratiquement sans retour. Le musée est organisé le long d’un grand corridor formé d’une paroi verticale à droite et d’une toiture. Très haut à l’entrée, il semble s’enfoncer dans l’horizon, faisant disparaître la lumière et l’espoir. Quelques ouvertures latérales laissent entrevoir des bribes de lumière et du passé, qui s’estompent en avançant. Ce long corridor dessert les espaces muséographiques et scénographiques dans autant de pavillons fermés dans lesquels est présenté l’esclavage dans ses aspects historiques, ethnologiques et culturels. Le retour vers la lumière et la liberté s’effectue par un parcours à travers les généreux jardins des origines, ponctués de cases traditionnelles du Bénin et d’Afrique de l’Ouest. La visite est saisissante. Élégant et solennel, le musée met sobrement en valeur l’histoire et la souffrance de ces destins brisés dans un cadre exceptionnel : au coeur de la nature, un lieu de découverte et de recueillement dépouillé qui transcende et exalte l’essentiel.
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